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ayant été discutées à satiété, il lui suffira de préciser son opinion et celle des autres signataires du Manifeste. Il ne s’y arrêtera qu’un moment, pour entrer immédiatement après dans l’exposé de la doctrine aujourd’hui connue sous le nom d’Intëgratisme.)

a A propos des vers libres modernes, que nous n’entendons pas condamner en principe, maïs dont les modalités diverses ne relèvent encore que du laisser aller, disent les uns, ou que du pis aller, disent les autres, on a reposé le fameux problème de la prose, des vers et de la poésie, — où finit celle-ci, où commence celle-là ? — et on a réclamé des définitions. Nous déclarerons donc qu’à notre sens la Poésie n’est pas l’apanage exclusif de la littérature, et même des vers, mais que, les vers constituant la forme de langage qui tend à la plus haute expression du rythme, et le rythme étant la condition essentielle de ioute poésie, il s’ensuit que ladite forme est la plus apte à réaliser celle-ci. Elle y tend par des moyens dont ne dispose pas la prose, et qui sont, en français, la numération des syllabes, le jeu des césures, et la rime. Le vers, quel qu’il soit, en tant qu’élément de cette forme de langage, ne se peut définir que par les règles de sa construction. Quelles sont ces régies ? Elles sont, au sens précis du mot, empiriques. Comme celles de la syntaxe, de la grammaire, et de la langue elle-même, elles ont leurs origines dans l’usage, c’est-à-dire dans la tradition. Ces règles sont-elles liées aux leis physiologiques de l’ouïe, de l’instinct et aussi do notre race ? Nous le croyons fermement. Sont-elles exclusives, définitives, et l’avenir ne peut-il y porter atteinte ? Nous ne voulons pas l’affirmer.

a La numération des syllabes, en français, apparaît simple. En réalité elle est double. Il y a la numération quantitative qui, peut-on dire, est d’application toute mécanique, et la numération qualitative, qui est parallèle, mais libre, entièrement livrée ii l’intuition du poète, toujours inobservée chez le mauvais riineur, mais qui est une ressource incomparable pour le véritable artiste, dont elle accuse d’ailleurs toute l’originalité de composition. C’est de cette double numération, sériée régulièrement ou irrégulièrement par la rime et ses rappels, que doit naître le chant du poème, implication première du rythme. Et dos lors, il y a vers. Tout le reste est dispositif d’écriture, simple indication pour les yeux qu’il y a lieu de conserver, mais qui, pour l’oreille, est d’une utilité beaucoup plus lointaine, sans doute. Quant à la précellence, pour les combinaisons syllabiques, du nombre douze, terme de l’alexandrin, il semble inutile d’en discuter. C’est une constatation mathématique.

« Il nous reste maintenant à nous expliquer sur le rythme. Lorsque, il y a quelque temps déjà, nous écrivions ceci : « Dans « l’œuvre du poète, le rythme est le geste de l’âme, » l’image dont