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Quand, pour donner enfin au monde un peu de joie,
Ce ne sera pas trop de tout l’effort humain ?

Poète, il faut chanter, l’humanité t’implore :
Il faut par les faubourgs, les villes, et les champs,
Annoncer la splendeur de la nouvelle aurore,
Et les peuples unis répéteront tes chants !

Poète, il n’est plus temps de chanter pour toi-même
Les molles voluptés, en effeuillant des lis.
Va-t’en droit à la forge, où les faces sont blêmes,
Où la sueur de sang coule des bras meurtris.
Va dire aux ouvriers : « Frères, l’heure est venue
Où vous serez payés de votre dur labeur.
Nul ne prétendra plus, en invoquant les nues,
Que la souffrance est sainte, et sainte la douleur.
Vos maîtres n’auront plus l’hypocrite paresse
De s’en remettre à Dieu du soin de votre sort,
Et les forts, désormais, garderont la faiblesse,
Et les faibles heureux pourront aimer les forts !

« Paraissez, travailleurs qui retournez la glèbe,
Semeurs, et moissonneurs, et gardeurs de troupeaux ;
Paraissez tous, enfants de l’énergique plèbe,
Vous qui taillez la pierre et fondez les métaux.
Ouvriers de l’idée, apparaissez en foule ;
Artistes, et savants, et penseurs, suivez-moi !
Paraissez, débordez comme une immense houle
Devant le temple pur de la nouvelle foi. »