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LE JAVELOT DE JOIE

Le javelot de joie a défoncé la porte ;
Un chanteur inconnu est passé dans le bois
Qui est passé en chantant de sorte
Que les oiseaux riaient vers sa voix
Et que les fleurs naissaient pareilles
A des essaims vifs d’abeilles
A ouïr sa voix !
Les jougs sont teints de pourpre aux taureaux de l’automne
Et les filles qui mènent les taureaux entonnent
Des dithyrambes à entendre le chanteur,
Dont la lyre d’or s’alourdit de fleurs,
Dont les pas foulent l’aube,
Dont le geste cueille les roses
Et dont la haute main
Au vieux sapin
Suspend le luth !
Des songes sont entrés par des portes d’ivoire
Et par des portes de corne d’autres songes ;
Le javelot a défoncé la porte noire,
Son dard a découvert la porte sombre,
Et la voix du Printemps et de l’Automne
Avec celle des rossignols d’été
Et celle de la brise dans les fleurs,
Toutes les voix sont entrées
Dans ma Demeure.

L’ESPÉRANCE MORTE

Sur le bord du bassin trois Reines se penchent :
Trois Reines, la Bleue et la Rouge et la Blanche :
Sur le bord du bassin de verte espérance
Trois Reines se penchent vers l’attirance
De leurs beaux visages mirés dans l’eau,
Trois Reines se penchent sur le bateau…

Trois Reines se penchent, et la première
Laisse tomber ses bagues dans le courant.