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« Poètes, chantons la vie : c’est notre vraie façon, à nous, d’y collaborer. Accomplissons notre tâche sur la terre, qui est d’inscrire en des paroles belles le rêve que fait l’homme à ce moment du temps infini, pour le transmettre à ceux qui nous succéderont. Et que chacun de nous, en jetant plus tard un regard sur son œuvre terminée, avant de s’en aller dans l’inconnu terrible, puisse se dire, comme tous ceux dont la vie a été bien remplie par les labeurs humains : « Je fus un homme. Quoi qu’il « y ait après la mort, je n’en ai pas peur. Que ce soit le grand « soleil ineffable de Dieu ou le grand soleil noir du néant, je sau« rai le regarder en face, sans être aveuglé par la lumière, sans « Ôtre ébloui par l’ombre. Je fus un homme. »

« Poètes d’aujourd’hui et de demain, — et par ce mot j’entends, au beau sens étymologique, tous ceux qui créent, — soyons des hommes 1 ! »

M. Fernand Gregh a fondé, en février 1906, avec MM. Charles Millier, Henri Barbusse, Maurice Majore, S.-Ch. Leconte, Marcel Ballot, Paul Reboux, Edmond Sée, Marcel et Jacques Boulenger, Gabriel Trarieux, J. Valmy-Baysse, Amédée Rouquos, Xavier Roux, etc.. l’importante revue Les Lettres, où ont collaboré en outre : MM. Sully Prudhomme, Anatole France, Léon Dierx, Pierre Louys, Robert d’Humières, Auguste Dupouy, Camille Mauclair, Léo Larguier, Gabriel Nigond, Abel Bonnard et Mm« Catulle Mondes, Fernand Gregh, Marie Dauguet, etc.

MENUET

La tristesse des menuets
Fait chanter mes désirs muets,
Et je pleure
D’entendre frémir cette voix
Qui vient de si loin, d’autrefois,

Et qui pleure.

Chansons frêles du clavecin,
Notes grêles, fuyant essaim

Qui s’efface,
Vous êtes un pastel d’antan
Qui s’anime, rit un instant,

Et s’efface.

i. Voir aussi la lettre de M. Saint-Georges de Bouhélicr, publiée dans le Figaro du 14 décembre 1902.