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A BARONNE DE BAYE

Biblioohaphie. — Grisailles et Pastels (Alphonse Lemerre, Paris, 1896) ; — Les Heures aimées (Alphonse Lemerre, Paris) ; — L’Ame brillante, ouvrage couronné par l’Académie française (Perrin et O, Paris, 1905).

MTM* la baronne de Baye, Parnassienne absolument fidèle, a publié jusqu’ici trois volumes de poésies, Grisailles et Pastels, Les Heures aimées, L’Ame brillante. La passion du Beau respire dans les vers de cette poétesse exquise, qui interprète, en des rythmes pâmés ou fiévreux, le mystère affolant du cœur. Il y a dans ses livres une grâce, une distinction infinies ; il en émane un charme rare et troublant. L’Académie a honoré d’un de ses prix L’Ame brûlante, qui compte parmi les meilleurs recueils de vers parus ces dernières années, et ou s’avère un art consommé.

SILENCE

Nous nous taisions : c’était l’heure troublante et chaude
Où le soleil frémit sous les rideaux croisés,
L’heure lourde où l’amour, dans l’air assoupi, rode…
Une rose effeuillait ses parfums apaisés.
Vous ne me disiez rien de vos tristes pensées,
Je ne vous disais rien de mes amers chagrins,
Mais le temps s’écoulait entre nos mains pressées
Comme un collier de deuil dont on compte les grains.
Nous nous taisions, penchés sur le silence tendre ;
Une caresse errait en cette obscurité,
Et je sentais mon âme éperdument se tendre
Vers votre âme tremblante, éprise de clarté.
L’arome de la fleur passait, tel un sourire ;
La chambre s’emplissait d’espoir et de regret :