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HERMONTHIS

A Esteve.

Memphis dormait. Six rois de pierre, dans la pose
D’Immortels qui verraient passer le voi des ans,
Dominaient, de leurs fronts mitrés de granit rose,
Les palais inégaux à leurs torses puissants.

L’aube sur les degrés des tombeaux imposants
Descendait dans sa gloire avant le jour éclose ;
Chéphren, et puis Chéops, par-dessus toute chose,
Levaient leurs deux sommets lointains et rougissants.

Droites sous leur amphore à l’égal des statues,
Des femmes, aux bras nus et bruns, de bleu vêtues,
Marchaient, sous les palmiers, vers le Nil violet…

Moïse, en ce moment, passait, dormant encore,
Et la fille des rois, Thermonthis, recueillait
Ce fils de sa pitié plus charmant que l’aurore.

{Oriens.)

LE TEMPLE DE JÉRUSALEM

VUE LOINTAINE

Au H. P. Helle.

Gravis, prêtre étranger, les monts de Belphégor,
Tourne-toi du côté de l’Occident : regarde,
Ne vois-tu pas au fond des sables un point d’or ?
On dirait qu’une étoile au bord des mers s’attarde.

En vain le soleil monte, et des rayons qu’il darde
Inonde le désert de Sion à Ségor ;
Plus claire que ses feux, l’étoile toujours garde
Un éclat que midi fait resplendir encor.

Est-ce l’astre que vit au ciel des anciens âges
Balaam, précurseur des voyants et des mages ?

Non, c’est le mur doré d’un temple : il semble en feu,