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Et de sentir en moi passer toute l’ivresse
De ton site changeant !
De fuir les blancs frimas et les terres moroses
Des froids pays du Nord
Pour ton ciel éclatant, tes éternelles roses
Et tes mimosas d’or ;
D’oublier l’horizon brumeux des climats tristes
Ou pleurent les autans,
Auprès des airs joyeux que le flot d’améthyste
Susurre à ton printemps ;
De quitter les coteaux, les vallons pleins de neige
Et les étangs glacés, Pour retrouver tes Dieux charmants et leur cortège,
Par Zéphyr caressés.
O nobles visions, heures simples et belles,
Harmonieux frissons ;
O rêves poursuivis sous les vertes ombelles
Des pins noirs ; ô saisons
Qu’un sourire immortel épanouit sans cesse
Sous l’azur transparent ;
Aubes roses mettant de si douces caresses
Sur ton sol odorant ;
Jours rayonnants pâmés sous la brûlante étreinte
De ton divin soleil ;
Crépuscules légers couvrant ta terre sainte
De leur manteau vermeil ;
Nuits aux longs voiles bleus plus légers qu’une gaze ;
Espaces étoilés
Où le sang du rubis près des rais de la prase
Et des éclats perlés
Du jade forment des gerbes de pierreries,
Vaste océan de feux
Luisant dans la ténèbre, immensités, féeries,
O mondes lumineux !
Je ne puis me passer de vous. Toute la gloire
Des plus vaillants héros
Ne saurait en mon cœur affaiblir la mémoire
De vos charmes si beaux !