Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/214

Cette page n’a pas encore été corrigée


Parisien et fils de Parisiens, avec des origines lorraines et danoises très lointainement, M. Camille Mauclair est né le 29 décembre 1872. Supérieurement intelligent et même surtout intelligent— et par là nous entendons : compréhensif plutôt que créateur — et d’une précocité remarquable et sur laquelle renseignera suffisamment la liste de ses ouvrages, M. Camille Mauclair, littérairement, a touché à tout, et Ton peut dire qu’il n’est pas de beautés ni d’idées qu’il n’ait goûtées et comprises, ni de façons de sentir et de penser auxquelles il ne se soit prêté pour nous en donner ensuite, soit en des poèmes, soit en des conférences, soit en des essais de métaphysique ou d’esthétique, soit en des études de critique, soit encore en des romans ou en des contes, sa notation propre et toujours intéressante, a La « grande puissance géniale, dirait-on presque, consiste à n’ê« tre pas original du tout, a être une parfaite réceptivité, à laîs« ser les autres faire tout, et à souffrir que l’esprit de l’heure « passe sans obstruction à travers la pensée. » Cette parole d’Emerson (Essai sur Shakespeare), combien M. Camille Mauclair semble l’avoir méditée et s’être soumis à l’enseignement qu’elle dégage ! h’esprit de l’heure, en effet, traversa souvent’sa pensée. S’ils montrent exactement leâ états successifs et la progression do son esprit, ses ouvrages, depuis la plaquette Stéphane Mallarmé, où il exprimait son admiration’pour le poète, alors son maître préféré, jusqu’à ce roman : L’Ennemie des Rêves, où il parait se rallier au féminisme, en passant par ses Notes sur le Barrésisme, ses conférences sur la Princesse Maleine et sur Solness le Constructeur, et ses articles de tous les genres et sur tous les sujets, tant dans les journaux que dans les revues, ses ouvrages, disons-nous, gardent aussi la marque de l’époque à laquelle il les écrivit, avec quelque chose de la formule et de la manière littéraires dont il était pénétré en les écrivant1. »

M. Camille Mauclair a été disciple tour à tour de Mallarmé, de M. Maeterlinck, de M. Barrés, de M. Adam, etc. Ses premiers vers parurent en 1891, dans La Conque de M. Pierre Louys. Remaniés ensuite et joints à des poèmes publiés pour la plupart dans la Revue Blanche, ils formèrent, en 1894,les Sonatines d’Automne, recueil où l’on trouve « des notations sentimentales, des lieds, des historiettes violentes et étranges, et parfois presque tout simplement des sanglots…. Un homme se joue de petites sonates à lui-même, dans la nonchalance de l’automne. » (Avantdire de l’auteur.) M. Camille Mauclair, en composant ces pièces, s’est placé sous l’invocation du Schumann des Novelettes.

En 1904 a paru un nouveau recueil de poèmes : Le Sang parle, d’où, sont extraites les pièces qui suivent.

1. Paul Léaotacd, Poètes d’aujourd’hui.