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LE PÉNITENT

Je suis le pénitent des mauvaises cités.
Dans les bouges honteux où coulent les rogommes,
Dans les quartiers lascifs des modernes Sodomes
Où le meurtre et le viol cachent leurs voluptés,

Quand j’introduis, le soir, mes regards attristés,
J’ausculte en frissonnant les monstres que nous sommes ;
Je sens peser sur moi tous les crimes des hommes
Et je pousse des cris vers les cieux irrités.

Semblable en mes clameurs aux prophètes bibliques,
Je vais, les yeux hagards, par les places publiques,
Confessant des péchés que je n’ai point commis.

Et le chœur vertueux des pharisiens brame :
Soyez béni, mon Dieu, qui n’avez point permis
Que je fusse pareil ù ce poète infâme !

[La Nuit.)

L’INFINI

JUPITER

Malheureux, qui dans tes entraves
Contre moi hurles et blasphèmes,
Tu crois, Titan, que tu me braves,
Et tu n’es qu’un peu de moi-même.
Courage sans cesse irrité,
Ame brûlante et généreuse,
Qu’es-tu, sinon ma volonté,
Ma propre force aventureuse ?
Je suis le ciel ; je suis l’immense azur peuplé
D’astres insoupçonnés, d’étoiles inconnues
Et de soleils plus grands que l’espace étoilé
Où, par les vastes nuits, se perd ta faible vue.
Je suis les animaux, les plantes et la mer.
Et la terre que baigne un clair océan d’air,
L’ombre mystérieuse et la lumière blonde ;