Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t2, 8e mille.djvu/437

Cette page n’a pas encore été corrigée

RAOUL GINESTE 431


Le rouet tourne, et la fileuse rit,

Rien qu’à songer qu’elle prendra mari ;


Pour son retour le coffre sera plein,

Mais que c’est long de filer tant de lin !...


« Il ne faut plus que je perde un instant !

Chat, maudit chat qui me gènes, va-t’en. »


Le bon matou quitte sa jupe bleue

Et fait la roue en poursuivant sa queue.


{Chattes et Chats.)


LES VIEUX CHATS


Comme ils sont tristes, les matous,

De n’être plus sur les genoux

Qui leur faisaient un lit si doux !


Qu’ils regrettent les longues veilles,

Où les doigts secs des bonnes vieilles

Taquinaient leurs frêles oreilles !


Lorsque, assises au coin du feu,

En rêvant au bel houzard bleu

Qui reçut le premier aveu,


Les tricoteuses de mitaines

Evoquaient les amours lointaines,

Le temps heureux des prétantaines ;


Alors les minets adorés,

Arquant leurs dos gras et fourrés,

Prenaient des airs énamourés ;


Ils avaient des façons béates

De se lustrer du bout des pattes,

En rêvant aux mignonnes chattes,


Ou, comme des sphinx accroupis,

Ils ronronnaient sur les tapis,

Laissant aux rats de longs répits.


Fi des rats malins ! les maîtresses

Leur faisaient de longues paresses

Pleines de lait et de caresses ;