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séjours à Londres, il a fait deux voyages en Italie, quatre aux îles Baléares, et il a visité tour à tour la Belgique, la Hollande, le Danemark, la Suède, l’Allemagne, la Suisse, l’Espagne, l’Algérie et le Maroc, où il a vécu quinze jours sous la tente, dans l’intérieur du pays.




HALLALI


O gouttes de mon sang, voilà donc votre histoire
Et les chansons que vous chantez !
Va, sang de mes aïeux, vieux sang blasphématoire,
Sang des gueux, sang des révoltés,
Tes leçons dans mon cœur ne resteront pas vaines,
Brave sang toujours en éveil
Dont le flot vagabond aime à jaillir des veines
Pour montrer sa pourpre au soleil !
Je veux aussi, je veux comme vous, mes ancêtres,
Vivre debout sur l’étrier,
Pousser ma charge, et dans la bataille des êtres
Ouvrir mon sillon meurtrier.
En ce temps où le vent des folles aventures
Ne souffle plus dans nos poumons.
Je n’irai pas chercher les victoires futures
A travers les vaux et les monts ;
Mais dans l’intelligence humaine ensemencée
D’un tas de mots intimidants,
Je lancerai les noirs chevaux de ma pensée.
Ventre à terre et le mors aux dents ;
Et malgré les fourrés obscurs pleins de racines,
Les fondis où l’on disparait,
Les étangs croupissants aux plantes assassines,
Malgré tout fouillant la forêt,
J’y donnerai la chasse à la bête hagarde
Qu’elle cache en ses antres verts,
Afin de lui plonger au cœur jusqu’à la garde
Le clair yatagan de mes vers.
O Dieu, jusqu’à présent, dans les mythologies,
Parmi les avatars passés,
A te mettre en lambeaux mes mains se sont rougies ;