« Sa voix est plus pure
Que votre murmure.
Imitez sa voix ! »
J’ai dit à l’Aurore :
« Ton œil d’Orient
Pourrait être encore
Cent fois plus brillant,
Si tu savais prendre
L’éclat doux et tendre
De son front riant ! »
Le vent aime la fleur ; la fleur, le papillon ;
Le papillon, l’azur ; l’azur, le doux rayon
De l’étoile lointaine ;
L’étoile aime la mer, et la mer, le rocher
Qui reçoit ses baisers sans se laisser toucher
Par l’amour ou la haine.
Hélas ! c’est donc la loi des choses d’ici-bas ?
Et moi, j’adore aussi qui ne m’aimera pas ;
C’est une autre qui m’aime.
Et celle à qui j’aurais voulu donner mes jours
Cherchera loin de moi d’impossibles amours
Qui la fuiront de même.
O vent, fleur, papillon, azur, étoile, mer !
Vous qui souffrez aussi de ce tourment amer,
Puisque je vous ressemble,
Amis de l’infini, frères silencieux,
Venez, rapprochons-nous, aimons-nous sous les cieux,
Consolons-nous ensemble !
O glycine, pâle glycine !
Que j’aime tes rameaux tordus,
Tes fleurs où l’abeille butine,
Et tes longs festons suspendus !