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VICTOR DE LAPRADE

Tous les frères savants et forts,
Toutes les sœurs sages et belles.

C’est lui qui, dans chaque saison,
Pourvoyeur de toutes les fêtes,
Fait abonder dans la maison
Les fleurs, les livres des poètes.

Il travaille, enfin, nuit et jour :
Qu’importe ! les autres jouissent.
N’est-il pas le père à son tour ?
S’il vieillit, les enfants grandissent !

Du poste où le bon Dieu l’a mis
Il ne s’écarte pas une heure ;
Il y fait tête aux ennemis,
Il y mourra, s’il faut qu’il meure !

Quand le berger manque au troupeau,
Absent, hélas ! ou mort peut-être,
Tel, pour la brebis et l’agneau,
Le bon chien meurt après son maître.

Ainsi, quand Dieu me reprendra,
Tu sais, dans notre humble héritage,
Tu sais le lot qui t’écherra
Et qui te revient sans partage.

Nos chers petits seront heureux,
Mais il faut qu’en toi je renaisse.
Veiller, lutter, souffrir pour eux…
Voilà, mon fils, ton droit d’aînesse !