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J’allais franchir le seuil : « C’est moi, c’est moi, mon père ! »
Mais ces rires, ces voix, je ne les connais pas.
Pour tout ce qu’enfermait ce pauvre enclos de pierre,
J’étais un étranger !… Je détournai mes pas…

Mais, par-dessus le mur, une aubépine blanche
Tendait jusqu’à mes mains son feuillage odorant.
Je compris sa pitié ! J’en cueillis une branche,
Et j’emportai la fleur solitaire en pleurant !


(Les Ailes d’or.)


QUAND TON SOURIRE ME SURPRIT…


Quand ton sourire me surprit,
Je sentis frémir tout mon être ;
Mais ce qui domptait mon esprit,
Je ne pus d’abord le connaître.

Quand ton regard tomba sur moi,
Je sentis mon âme se fondre ;
Mais ce que serait cet émoi,
Je ne pus d’abord en répondra.

Ce qui me vainquit à jamais,
Ce fut un plus douloureux charme,
Et je n’ai su que je t’aimais
Qu’en voyant ta première larme !


(Poésies.)


LES ARBRES


Les grands chênes, pareils à de sombres amants,
Tordent dans l’air leurs bras où pend leur chevelure,
Et, debout sous le vent, ont la sinistre allure
Des mornes désespoirs et des accablements.

Comme un prince très vieux dont la tête vacille
Sous le poids des longs jours, le bouleau maigre et blanc,
Haut et d’argent vêtu, se dresse somnolent
Dans une majesté vaguement imbécile.

Les peupliers ardus ont l’air d’âpres chercheurs
Que sèche la pensée et qu’alanguit le rêve,