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UN JEUNE POÈTE PENSE À SA BIEN-AIMÉE QUI HABITE DE L’AUTRE COTÉ DU FLEUVE


La lune, dans la nuit sereine,
Monte au cœur du clair firmament ;
Elle y monte, et, comme une reine,
S’y repose amoureusement.]

Sur l’eau voluptueuse et lasse
Qu’un rêve bleu semble bercer,
Une brise légère passe,
Repasse, ainsi qu’un long baiser.

Quel accord pur, quelle harmonie,
Quel espoir calme en l’avenir,
Respire l’union bénie
Des choses faites pour s’unir !

Mais rien n’est complet dans nos fêtes,
Le bonheur est rare ici-bas ;
Et la plupart des choses faites
Pour s’unir — ne s’unissent pas.


(Poèmes de Chine.)


UNE MADONE


A Bologne, au Musée, au-dessus d’une porte,
On peut voir un tableau non signé, de n’importe
Quel vieux maître naïf dont les noms sont perdus.
C’est simplement la Vierge avec l’enfant Jésus.
Mais regardez ! Marie a de grands yeux célestes,
Lourds d’amour. Dans la paix du site aux plans agrestes,
Sa tète fine et calme est d’un contour si pur,
Que des anges ailés descendent de l’azur
Pour la voir et la mettre à l’ombre de leurs ailes.
Elle doit ressembler aux jeunes demoiselles
Qui venaient, vers l’an mille ou douze cent, s’asseoir
A leur balcon doré, sous l’étoile du soir,
Tandis qu’on leur chantait sur des airs de cantiques