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THÉOPHILE GAUTHIER

il a recours à une image comme à un voile, il met à son sentiment nu une enveloppe transparente et figurée. » Par là aussi, Gautier mérita d’être regardé, avec Leconte de Lisle, comme le précurseur et le maître des Parnassiens.

D’autres œuvres d’imagination, de critique et de théâtre témoignaient en même temps de la surprenante fécondité de son esprit, malgré la fatigue cérébrale que lui coûtait sa tâche de feuilletoniste. Il faut citer : Une Larme du Diable (1839), fantaisie dramatique dont la censure s’effraya et dont elle interdit même la réimpression ; Jean et Jeannette (1846), agréable pastel du XVIIIe siècle, qui rappelle Les Jeux de l’Amour et du Hasard ; Les Roués innocents (1847), Partie carrée (1851), Jettatura (1857), Avatar (1857), Le Capitaine Fracasse (1863), La Belle Jenny (1864), La Peau de tigre (1865), Spirite (1866), etc. De toutes ses œuvres romanesques, Le Capitaine Fracasse est sans contredit la plus curieuse et la plus personnelle. « Le premier volume, dit M. Morilot, est d’un art tout simplement merveilleux. C’est le plus savant mélange de fantaisie échevelée et de réalisme trivial. » Les moindres détails physiques y sont peints avec un relief saisissant.

Dans la critique d’art, on doit à Théophile Gautier un certain nombre de Salons, l’Histoire des peintres, en collaboration avec Charles Blanc (1847), L’Art moderne (1852), Les Beaux-Arts en Europe (1852), Trésor d’art de la Russie ancienne et moderne (1860-1863), Les Dieux et les Demi-Dieux de la peinture, en collaboration avec Arsène Houssaye et Paul de Saint-Victor (1863), Le Palais pompéien de l’avenue Montaigne (1866), etc.

Enfin, au théâtre, où Gautier s’essaya sans succès, il a donné Le Tricorne enchanté, Pierrot posthume, comédies en vers (1845), La Juive de Constantine, drame (1846), Regardez, mais ne touchez pas (1847), Un Voyage en Espagne, vaudeville, avec Siraudin (1843), Théâtre de poche (1855), Théâtre : mystères, comédies et ballets (1872) ; un grand nombre de ballets : Gisèle(1841), La Péri (1843), Pâquerette (1851), Gemma (1854), Sakountala (1858), etc. Il faut ajouter à ces différentes œuvres Les Fêtes de Madrid à l’occasion du mariage du duc de Montpensier (1847), Honoré de Balzac (1859), l’Histoire de l’art théâtral en France depuis vingt-cinq ans (1860), recueil de ses meilleurs articles de la Presse ou du Moniteur, dont la publication en six volumes fut interrompue faute d’acheteurs, Caprices et Zigzags (1853), Poésies nouvelles (1863), Ménagerie intime, sorte d’autobiographie familiale (1869), La Nature chez elle (1870), Tableaux de siège (1871), etc. Une édition des œuvres de Théophile Gautier a paru après sa mort chez Charpentier. On y a joint Portraits contemporains, l’Histoire du Romantisme, Portraits et Souvenirs littéraires.

Théophile Gautier avait épousé la célèbre Ernesta Grisi et en avait eu deux filles, dont l’une est devenue Mme Émile Bergerat