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Pour refuge au besoin n’ai-je pas la chimère
Qui s’appelle Idéal ?

Je puis avec orgueil, au sein des nuits profondes,
De l’éther étoilé contempler la splendeur.
Gardez votre infini, cieux lointains, vastes mondes,
J’ai le mien dans mon cœur !


L’AMOUR ET LA MORT


I


Regardez-les passer, ces couples éphémères !
Dans les bras l’un de l’autre enlacés un moment,
Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières,
Font le même serment :

Toujours ! Un mot hardi, que les cieux qui vieillissent
Avec étonnement entendent prononcer,
Et qu’osent répéter des lèvres qui palissent
Et qui vont se glacer.

Vous qui vivez si peu, pourquoi cette promesse
Qu’un élan d’espérance arrache à votre cœur,
Vain défi qu’au néant vous jetez, dans l’ivresse
D’un instant de bonheur ?

Amants, autour de vous une voix inflexible
Crie à tout ce qui naît : « Aime, et meurs ici-bas ! »
La mort est implacable et le ciel insensible ;
Vous n’échapperez pas.

Eh bien ! puisqu’il le faut, sans trouble et sans murmure,
Forts de ce même amour dont vous vous enivrez
Et perdus dans le sein de l’immense Nature,
Aimez donc, et mourez !

II


Non ! non ! tout n’est pas dit, vers la beauté fragile
Quand un charme invincible emporte le désir,
Sous le feu d’un baiser quand notre pauvre argile
A frémi de plaisir.

Notre serment sacré part d’une Urne immortelle ;
C’est elle qui s’émeut quand frissonne le corps ;