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UNE CAPITULATION

   Pendant ce temps, les trois Jules reprennent leur place sur le balcon. — Hugo, en ballon, évolue au-dessus de l’orchestre.
Offenbach, sur un ton de commandement. — Changez.
   Immédiatement les rats se transforment en danseuses de ballet revêtues de costumes légers. — Perrin les passe en revue.
Le Chœur. — Oh ! quel miracle délectable !
                Toutes décolletées
                Et chaussées légèrement
                C’est la quintessence du spectacle !
                Notre estomac ne sent plus la faim.
                La famine nous est indifférente à présent.
                Petits soupers charmants et spirituels
                Comment regretter, auprès de vous, les dîners matériels
                Il est là, le ballet ! le ballet ! le ballet !
                Malheur à l’ennemi, s’il s’y frotte !
Ferry. — Ô toi qui sauves l’État, qui métamorphoses les rats,
          Continue à nous inonder de tes suaves mélodies.
          Orphée quitte les enfers
          Pour rapprocher l’Art de la République !
Gambetta, qui n’a pas changé de place. — Et personne ne me dit rien, à moi, qui avais annoncé ce prodige !
Ferry, avec un geste plein d’emphase à l’adresse de Gambetta.
Un jour vertueux citoyens, pour votre récompense,
Vous prendrez place aux côtés de Gambetta sur le Panthéon !
Favre, avec violence. — Ah ! devant un tel miracle, la voix me revient. Écoutez tous !
Le Chœur. — Dansons, dansons !
Favre. — Citoyens, ma voix est revenue, écoutez-la !
Le Chœur. — Non, chantons, chantons !
Favre. — Je veux parler, entendez-vous ? Citoyens, le courage, la vertu et l’abnégation sont les premières vertus, les premiers devoirs d’un républicain…

Il continue à parler, mais ses paroles se perdent dans le tumulte général.

Le Chœur. — Chantons et dansons ! Dansons !
Lefèvre. — Chantons ! Qui commence ?
Plusieurs Voix. — Offenbach ! Offenbach !

Offenbach se livre à une mimique expressive et comique pour indiquer qu’il ne veut pas chanter et continue à jouer du trombone.

Le Chœur. — Il nous faut un ballet et de fins soupers.
Et aussi quelque bonne chanson républicaine.
Hugo, déguisé en génie de la France, occupant toujours la nacelle du ballon. —
Je suis là, moi, le chanteur qui dépasse tous les autres chanteurs,
Et qui vogue à travers les nuages comme un génie.