Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
UNE CAPITULATION
- Ah ! Gambetta, Gambetta chéri,
- Sauve-nous ! Sauve-nous !
- Ah ! Gambetta, Gambetta chéri,
Gambetta, orientant sa lorgnette vers les rats. — Ah !
Le Chœur. Ah !
Gambetta. — Ah !
Le Chœur. — Ah !
Gambetta. — Du calme, tout danger est écarté. Boutiques, cafés, restaurants, ouvrez-vous ! Les affaires vont reprendre. Il y a maintenant à manger pour tout le monde.
Flourens. — Menteur ! La ville est affamée.
Le Chœur. — Fi donc !
Diedenhofer. — Ah ! que n’avons-nous ici le bétail de Metz !
Flourens, montrant les rats. — De Metz voilà tout ce qu’il reste. Mangeons-les.
Lefèvre. — Comment manger ça ?
Véfour. — À la sauce aux rats. Charmant !
Le Chœur. — Sauce aux rats ! Rats à la sauce ! Et vivement, car nous allons mourir de faim !
Gambetta, dans son porte-voix. —
- Sauvez l’avenir de la patrie
- Garde mobile, sauve la République !
Flourens. — Farceur ! Imbécile ! Tais-toi ! Ni mobile, ni mabile !
Le Chœur. — Accourez Véfour, Chevet, Vachette
- Et confectionnez vivement un ragoût de rats.
- La peur, c’est le meilleur remède contre la faim.
- Il est midi et nous n’avons pas encore dîné.
- Au diable la garde nationale !
- Et les bouchers ? Où sont-ils ? À l’ouvrage, Turcos !
- Les rats ne vous effrayent pas, même sans sauce.
Gambetta, comme précédemment. — Arrêtez, voici le bal mabille ! Donnez cours à votre joie !
Flourens. — Misérable ! Toujours le même suborneur du peuple, tout à fait le genre de Tropmann ! Attrappez les rats, tuez-les et mangez-les-! C’est bien ainsi. Tiens ! Qu’est-ce qui sort de là ? Qui a arboré le drapeau noir ?
Mégy plante le drapeau noir sur le balcon. Le tumulte augmente jusqu’au moment où on entend un trombone jouant, dans le trou, un air d’Offenbach. Les deux sentinelles qui veillaient au bord du trou se mettent à gambader.
Le Chœur. — On n’y comprend rien ! Est-ce un parlementaire ?
Ferry, en-dessous. — Courage Oflenbach ! Continue ! Simon, aide-moi