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UNE CAPITULATION


Jules Ferry qui se lèvent et se tiennent étroitement embrassés. On les devine étreints par une profonde émotion.
Le Chœur. — Enfin ! Les voilà ces trois Jules, le gouvernement ! Comme ils s’aiment bien, ces deux-là qui s’embrassent. C’est touchant ! Pleurons !
Jules Ferry. — Citoyens ! Nous sommes la République de l’amour et de l’estime mutuelle.
Le Chœur. — Très bien ! Très bien ! Pleurons en chœur ! "Ouvrez les écluses".
Les Voix, du fond, avec colère. — L’heure n’est pas venue !
Le Chœur. — Nous sommes prêts à pleurer.
Les Voix, du fond. — Oui, Ah ! Ah ! Ah !
Ferry. — Citoyens ! Pas d’émotions inutiles ! Voyez comme Jules n° 1 est ému.
Mottu. — Tant mieux, nous désirons justement ouïr le citoyen Favre.
Keller. — Et la poudre, quand l’entendrons-nous parler ?
Dollfus. — Taisez-vous ! Schabskopp.
Lefèvre. — Silence. Laissez le gouvernement s’expliquer. Qu’a-t-il à nous dire ?
Ferry. — Ô mes amis, ô mes frères ! Citoyens ! Ménagez Jules premier auprès duquel je veux bien remplir le rôle de second.
Jules Simon, cessant un instant d’écrire. — Comme cela, il faut que je me contente du rang de troisième.
Perrin. — Allons, la tribu des Jules ! du calme !
Dollfus. — Pas de discorde !
Keller. — Ta gu..le !
Diedenhofer. — Mais, pourquoi écrit-il si longtemps ?
Ferry. — Ne vous impatientez pas, mes amis. Il travaille la question des cultes, c’est ce qui le rend parfois un peu nerveux. Il est sur le point de prendre une décision très grave.
Mottu. — Est-ce qu’il ne va pas bientôt signer le décret dont je lui ai parlé : Citoyens, instituons l’Athéisme.
Jules Simon, après avoir un instant cessé d’écrire, hausse les épaules et se remet au travail.
Mottu. — Il ne suffit pas de hausser les épaules. Il me faut mon décret. Pour sauver la République, l’Athéisme est indispensable. Pas de salut sans l’Athéisme.
Ferry. — Citoyens, cette proposition n’a pas le sens commun, je dirai même plus, elle est immorale et je dois la combattre. Ne le pensez-vous pas, mon collègue des cultes ?
Jules Simon. — Convenez, Ferry, que vous ne cessez de me troubler dans mes plus sérieuses occupations. Blaguez si vous voulez ; moi, j’ai