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Deuxième scène.




Peu à peu, les ondes se transforment en nuages, qui deviennent graduellement de moins en moins sombres, et lorsque ces nuages se dissolvent finalement tout à fait, comme en une brume légère, on aperçoit une

libre étendue de paysage sur des sommets de montagnes,

mais baignée encore au début par les ombres de la nuit. — Le jour qui commence à poindre éclaire bientôt d’un rayonnement croissant un burg aux tours brillantes qui se dresse sur une cime rocheuse au fond du paysage ; entre la cime que couronne ce château et le devant de la scène est une vallée profonde, dans laquelle le Rhin est censé couler. — De côté, sur des gazons émaillés de fleurs, Wotan est étendu, avec Fricka auprès de lui ; ils dorment tous les deux.

Fricka.

(elle s’éveille ; ses regards tombent sur le burg ; elle est saisie de surprise et de frayeur).

–––––––Wotan ! Epoux ! réveille-toi !
Wotan.

(rêvant, à voix basse).

–––––––Le burg des joies souveraines,
–––––––s’entoure d’altiers remparts :
––––––––––loi virile,
––––––––––force éternelle,
–––––––règnent sans fin dans la gloire !
Fricka.

(le secouant).

––––––––––Sors de tes songes
––––––––––trop séduisants !
–––––––Debout donc, homme, et regarde !
Wotan.

(il s’éveille et se soulève à demi ; la vue du burg attire et retient aussitôt ses regards).

–––––––Complète est l’œuvre éternelle ;
––––––––––aux monts superbes
––––––––––le burg des dieux,
––––––––––plein d’orgueil,
––––––––––splendide d’éclat !
–––––––Tel mon rêve le vit,
–––––––tel mon vœu l’a voulu ;
––––––––––ferme et beau