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DE LA MUSIQUE ALLEMANDE




Grâce soit rendue au zèle et au talent des artistes distingués qui se sont chargés de la noble tâche de familiariser le public parisien avec les chefs-d’œuvre de nos compositeurs ; chefs-d’œuvre dont, comme il fallait s’y attendre, l’exécution irréprochable a provoqué l’enthousiasme des auditeurs. Félicitons-nous donc de voir s’abaisser des barrières que l’essentielle diversité des nations maintiendra peut-être à tout jamais, mais devant lesquelles du moins l’art devrait toujours passer en franchise. Il faut pourtant convenir qu’en France les productions étrangères trouvent des juges moins indulgents et des préventions plus défavorables qu’en Allemagne, où l’on s’éprend d’une réputation ou d’un ouvrage exotique avec plus d’ardeur que n’en comporte une véritable indépendance d’esprit. La différence consiste en ce que l’Allemand, dénué de l’ingéniosité qui crée ou modifie la mode, accueille toutefois spontanément et sans réserve celles qu’on importe dans sa patrie, et, dans cette occurrence, il sacrifie aveuglément à l’influence étran-