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HALÉVY ET LA « REINE DE CHYPRE »

en vains efforts pour arriver aux portes de ces grands établissements de commerce artistique. Ces portes s’ouvriront quelque jour aux vrais talents ; et qu’alors tous ceux qui ont à cœur les intérêts du grand et véritable drame musical, prennent Halévy pour modèle.

C’est dans la Reine de Chypre que la nouvelle manière d’Halévy s’est manifestée avec le plus d’éclat et de succès. Dès les premières lignes de ce travail, j’ai eu occasion d’exposer les conditions auxquelles, selon moi, est soumise la production d’un bon opéra, en indiquant les obstacles qui s’opposent à ce que ces conditions soient remplies complètement et en même temps par le poète et par le compositeur. Quand ces conditions se réalisent, c’est un événement d’une haute importance pour le monde artistique. Or, dans ce cas-ci, toutes les circonstances se sont réunies pour amener la création d’une œuvre qui, même aux yeux de la critique la plus sévère, se distingue par toutes les qualités qui constituent un bon opéra, tel que nous avons tâché de le définir.

Nous n’avons point à examiner en détail le livret de la Reine de Chypre. Toutefois, pour être à même d’apprécier et de caractériser plus exactement le mérite de la partition, il faut préalablement signaler, dans le poème, ce qui devait lui donner de l’importance aux yeux du compositeur. Avant tout, je crois devoir faire remar-