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DE L’OUVERTURE

On fut bien plus près de résoudre la question, quand on fit précéder les opéras par des symphonies en trois parties. On tâcha d’exprimer dans ces trois divisions des caractères, qui formaient contraste, et, plus tard, Mozart montra, dans sa symphonie de l’Enlèvement du Sérail, jusqu’à quel point on peut réussir à rendre ainsi par avance le sens d’un opéra. Cependant, il existe encore dans cette distinction en trois parties, dont chacune exprime un caractère à part, au moyen d’un mouvement musical différent, une sorte de gaucherie. Il s’agissait donc désormais de réunir en un tout ce qui était isolé, et de relier dans un seul morceau de musique qui se développât sans interruption, des caractères et des contrastes. Les créateurs de la forme parfaite de l’ouverture furent Gluck et Mozart. Gluck lui-même se contenta souvent encore de traiter l’ouverture comme un morceau de musique qui devait introduire l’auditeur dans l’opéra, ou du moins dans la première scène. Cependant, quoiqu’il parût la considérer dans ce cas sous le rapport purement musical, et qu’il n’écrivit pas de conclusion complète, il eut toujours à cœur de développer d’une manière indépendante, dès le commencement de cette introduction instrumentale, le caractère dramatique de l’opéra. L’ouverture d’Iphigénie en Aulide est la plus achevée que Gluck ait écrite. Le maître a tracé ici en traits grandioses et puissants l’idée principale du drame,