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DE L’OUVERTURE

premières introductions instrumentales donne à croire que les compositeurs n’avaient nullement l’intention de satisfaire toutes les conditions de l’ancien prologue. Elles étaient bien loin de donner par avance le sens de la pièce comme le faisait le prologue. L’art de la musique instrumentale était alors encore si borné que les compositeurs de ces époques n’avaient même pas à leur disposition les premiers moyens de résoudre un semblable problème. En conséquence, ils se contentèrent de donner un simple prélude musical qui ne devait servir à autre chose qu’à préparer les spectateurs au chant qu’ils allaient entendre. Si l’on n’avait déjà trop de raisons de reconnaître que la musique instrumentale de ce temps était encore dans son enfance, on pourrait supposer peut-être qu’on n’avait pas eu l’intention d’imiter le prologue, parce qu’on sentait combien peu il était dramatique. Toujours est-il certain qu’on ne peut rien retrouver de l’intention du prologue dans les premières ouvertures, si ce n’est peut-être celle d’établir une transition par laquelle les auditeurs étaient introduits dans le drame.

Ce ne fut que lorsqu’on eût été un peu familiarisé avec la musique instrumentale que vint l’idée de donner à cette introduction musicale un caractère plus déterminé qui s’accordât avec celui du drame qui allait suivre. Ce caractère ne s’exprima guère que dans les traits principaux et se borna à reproduire ou plutôt à faire pressentir la ten-