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DE L’OUVERTURE




Autrefois les pièces de théâtre étaient précédées de prologues. Il est probable qu’on regardait comme une tentative trop hardie d’arracher d’un seul signe les spectateurs aux impressions encore toutes-puissantes de la vie habituelle, pour les transporter au milieu des apparitions idéales des héros de théâtre. On croyait agir plus prudemment en préparant le public par une introduction qui tenait déjà de l’art à un ordre de choses qui lui appartenait immédiatement. Ce prologue faisait appel à l’imagination des spectateurs, réclamait leur concours dans l’action qui allait se passer, et ajoutait un récit succinct de tous les événements qu’on devait supposer antérieurs à cette action, ou même quelquefois de ceux qu’on allait voir se développer dans la pièce. Quand on commença à donner des drames en musique, on aurait dû, pour rester fidèle à la mode, les faire précéder de prologues mêlés de chant. On introduisit à leur place l’ouverture, morceau de musique confié à l’orchestre seul, et qui devait précéder l’exécution du véritable drame. La manière dont furent conçues ces