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VOYAGE AUX INDES

par les deux bouts, qu’ils lancent très-adroitement ; mais depuis que nous traitons avec eux, ils se servent de fusils, de pistolets & de sabre.

Les arts n’ont pas fait de grands progrès dans cette contrée ; les femmes du sud font des pagnes avec du coton & de la soie, & celles du nord avec les feuilles du raphia. Leurs métiers sont simples & composés seulement de quatre morceaux de bois mis en terre. On y trouve des Orfévres & des Forgerons qui font des chaînes & autres ouvrages auxquels ils ne donnent point le poli. Les soufflets dont ils se servent pour leurs forges, sont composés de deux troncs d’arbres creux, & liés ensemble ; dans le bas il y a deux tuyaux de fer, & dans l’intérieur de chaque tronc, un piston garni de raphia qui tient lieu d’étouppe : l’apprentis qui fait jouer cette machine, enfonce alternativement l’un des pistons, tandis qu’il leve l’autre. Ils ont fait toutes les piéces qui composent un fusil, mais il ne leur a pas été possible d’en percer le canon.

L’agriculture n’est pas plus avancée que les arts. On n’y voit point de jardins ni d’arbres fruitiers. Les habitans du nord ne cultivent que le riz dont ils se nourrissent ; & comme cette plante ne réussit point dans les terres méridionales, ceux du sud y suppléent par le petit Mil. Ils ne labourent point, après avoir brulé les herbes des marécages ; ils y sément leur riz au commencement des pluies. Dans plusieurs endroits ils ne se donnent même pas la peine de sémer ; ils laissent sur leur tige des épis dont le grain tombe & se reproduit.

Les Médecins y jouissent d’une grande considération ; toute leur science consiste à connoître quelques plantes aromatiques astringentes & purgatives, dont ordinairement ils font un mé-