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ET A LA CHINE. Liv. IV.

en forme de petit cornet, & versent dessus un peu de bouillon. Ils ne boivent après leur repas que de l’eau qui a bouilli dans le vase où on a fait cuire le riz, & au fond duquel il s’est formé une croûte fort épaisse ; cette précaution est très-utile dans ce pays où les eaux sont en généraal très-mauvaises & presque toutes saumâtres.

Leurs maisons sont composées d’un seul appartement dans lequel couche toute la famille, & dont la charpente est construite avec de gros piquets enfoncés en terre : les parois sont faites avec des côtes de la feuille de Ravénala jointes ensemble & liées contre des lattes de bambou ; en dedans elles sont tapissées de nattes. Le toît est couvert de feuilles de Ravénala, dont les côtes sont rapprochées les unes à côté des autres, ce qui forme une couverture très-solide : le plancher est ordinairement élevé d’un ou de deux pieds ; il est fait de fortes claies de bambou, recouvertes de nattes, excepté dans un des coins de l’appartement où est le foyer pour faire la cuisine. Ils y entretiennent continuellement du feu, même pendant la nuit, pour leur santé.

Les demeures des chefs ne sont pas mieux ornées ; la seule chose qui les distingue est une palissade qui les entoure avec un mât plus élevé que le bâtiment, & placé devant la maison auquel sont suspendues les cornes de tous les bœufs qu’on a sacrifiés dans les fêtes publiques.

Leurs meubles consistent en quelques vases de terre pour la cuisine, en bambous ou calebasses pour aller puiser de l’eau, & en petits paniers de nattes pour serrer leurs pagnes.

Leurs armes, avant qu’ils connussent les Européens, étoient la sagaye, espéce de javelot long de cinq à six pieds, ferré