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ET A LA CHINE. Liv. IV.


CHAPITRE III.

De l’Isle de Madagascar.


Je ne pourrai donner une description générale de Madagascar ; l’étendue du pays & la variété des cantons exigeroient un séjour très-long. La multitude des gouvernemens & les guerres continuelles qui existent dans ce pays, s’opposeroient d’ailleurs aux voyages & aux examens d’un observateur : je me bornerai donc à décrire ce que je me suis trouvé à portée d’apprendre & d’examiner moi-même.

Jusqu’ici nos succès n’ont pas été heureux dans cette île ; plusieurs fois nous avons abandonné nos comptoirs, & souvent nous en avons été chassés : il est même douteux que nous puissions nous y fixer d’une manière solide, parce que les habitans veulent être traités avec douceur. Les Français s’accoutumeront-ils jamais à regarder comme des hommes des êtres qui ont l’épiderme noir ? Avant de nous connoître, les Madégasses vivoient dans cette heureuse ignorance du crime ou de la vertu qui suppose l’innocence des premiers âges. Bientôt ils suivirent l’exemple d’une nation, qui selon eux, étoit descendue du Soleil[1] pour leur donner des loix ; mais ce n’est pas

  1. (a) Avant que les Européens abordassent les côtes de Madagascar, les Madegasses croyoient qu’ils devoient être vaincus par les Enfans du Soleil ; quand les Français vinrent y faire des établissemens, ils les prirent pour ces mêmes Enfans du Soleil qui leur étoient annoncés, & se laissèrent subjuguer.