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ET A LA CHINE. Liv. IV.

trésor doit être un des plus riches de la terre, si toutefois les Barmans n’ont pas trouvé le moyen de le piller par quelque souterrain.

Par une coutume barbare, lorsqu’on bâtit une Pagode, les premières personnes qui passent sont jettées dans les fondemens. Cette horrible cérémonie est cependant assez ordinaire, parce que ces peuples consacrent presque toutes leurs richesses à la construction de pareils édifices, ce qui est parmi eux une œuvre très-méritoire, de même que de fonder des Baos(a[1]), ou de contribuer aux funérailles de leurs Talapoins, qu’ils brûlent avec pompe.

Cette magnificence qu’ils mettent dans les obsèques de leurs Prêtres, annonce combien ils les révèrent. Ils sont moins instruits que les Brames, & portent le nom de Ponguis. Quoi-qu’on les appelle Talapoins, ils n’ont aucun rapport avec les Prêtres du Tibet, & ne connoissent point le grand Lama, comme l’ont avancé quelques Auteurs.

Le Souverain est honoré d’une manière qui tient de l’adoration : par un usage commun chez les Orientaux, on se prosterne devant lui les mains jointes, les pieds nuds, jettés en arrière & collés contre les cuisses ; les Grands même sont obligés de prendre cette humiliante posture toutes les fois qu’ils l’approchent.

Dans toutes les cérémonies, il se place sur un trône très-élevé, pour montrer combien il est au-dessus des Princes qui composent sa cour ; aucun de ces derniers ne peut rester dans la ville lorsqu’il en sort, & l’on a grand soin d’en fermer les portes. Enfin il est si persuadé qu’il est assez puissant pour

  1. Espéce de Couvent.