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ET A LA CHINE. Liv. IV.

qui vont commencer aujourd’hui dans cette contré, n’y sont plus distingués des autres Nations ; le Souverain les regarde de même comme ses esclaves, dès qu’ils mettent le pied des ses États.

Les Siamois ne restèrent pas long-tems sous les loix des Barmans : ceux qui s’étoient retirés dans les bois pour éviter l’esclavage, se rassemblèrent, élurent un Roi Chinois d’origine, & marchant sous ses drapeaux, ils chassèrentles Pégouins & les Barmans du royaume de Siam. Le Roi d’Ava voulut les soumettre une seconde fois ; à cet effet, il rassembla des troupes nombreuses en 1775, composées de Pégouins & de Barmans. Les premiers supérieurs en forces, se révoltèrent, massacrèrent la plus grande partie des Barmans, & dirigèrent leurs armes sur Rngon ; mais n’ayant point de généraux pour les guider, ils échouèrent dans leur entreprise, & n’opérèrent aucune révolution. Zékinmédou rétablit la tranquilité dans son royaume, & mourut l’année suivante. Ses frères, suivant le testament d’Alompra, devoient régner successivement ; mais quelque tems avant sa mort ; Zekinmédou avoit fait reconnoître pour Roi son fils aîné, qui monta sur le trône à l’age de vingt-deux ans. Pour éviter toute discussion avec ses oncles, il les fit massacrer au nombre de cinq, de même que ses frères ; les Seigneurs qui leur étoient attachés, eurent le même sort. C’est par ces meurtres abominables qu’il se trouve aujourd’hui paisible possesseur d’un sceptre souillé de sang, & flétri par les mains impures qui le retiennent.

Les Pégouins & les Barmans ne sont pas divisés en castes ou tribus. Ils suivent tous la même religion, qui, dans son principe, paroit être celle des Brames : le dogme de la métempsycose en est la base ; mais ils l’ont défiguré au point qu’au