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ET A LA CHINE. Liv. IV.

la Nation française, & le renvoya chargé d’une lettre adressée au Conseil de Pondichéry, & conçue en ces termes.

« Moi Empereur d’Ava, Roi des Rois & de toute puissance, vous fait savoir que j’ai reçu la lettre que votre Ambassadeur, M. Féraud, m’a remise avec les présens qui consistent en une piéce de velour rouge, une autre de velours noire, une troisième de velour jaune, cinq piéces d’étoffes d’or ou d’argent, deux paquets de galons d’or, & deux paquets de galons d’argent, huit cent vingt-quatre petits couteaux, un fusil à deux coups damasquiné en or, cinq cens vingt-cinq fusils de munition, deux cens quatre-vingt-six boulets, dix-huit cens balles à fusil, dix baril de poudre. J’ai pareillement reçu la lettre que votre Ambassadeur m’a remise, & que Milard mon esclave m’a interpretée (a[1]). J’ai reçu votre Ambassadeur dans mon palais d’or. A l’égard des demandes que vous me faites, je ne puis vous accorder l’île Moulque, parce que c’est un endroit suspect ; je ne veux pas non plus vous rendre les cinq Français : vous me faites aussi mention de leur paye, & vous me demandez une personne pour régler leur compte ; je laisse cela à la disposition de Milard. Je vous exempte de tous droits, & je vous laisse libres dans votre commerce. Je vous accorde aussi l’endroit au sud de Rangon, qui se nomme Mangthu ; la grandeur du terrain le

  1. M. Milard avoit passé sur la Galathée en qualité de volontaire ; il eut le bonheur d’échapper au massacre des Français, & de gagner l’amitié du Roi, qui lui donna la place de grand Maître d’artillerie, & de Capitaine de ses gardes. Dans plusieurs occasions, il rendit des services importants aux Français, & nommément à M. de Gouyon, commandant le Castries, qui s’y trouva pendant les troubles de 1775, où les Français furent soupçonnés de favoriser les rébelles ; il est mort en 1778.