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VOYAGE AUX INDES

se vit bientôt à la tête de vingt mille Barmans, à l’aide desquels il s’empara de la capitale du Royaume, où il trouva des munitions & des armes. Devenu plus ambitieux par cette conquête, il se fit proclamer Roi, descendit la rivière avec une rapidité surprenante, & vint camper à deux lieux de Siriam, dans l’endroit même où il jetta les fondemens de la ville de Rangon, qui depuis est devenue l’entrepôt du commerce : il mit le siége devant Siriam, & la fit raser pour punir les habitans de leur résistance pendant dix-huit mois.

Les Français étoient convenus avec Alompra d’une neutralité qu’ils n’observèrent pas. Le Roi du Pégû avoit fait demander des secours à Pondichéry : on fut long-tems à se décider ; mais enfin au mois de Juillet 1756, on lui fit passer quelques troupes avec des munitions sur les vaisseaux le Diligent & la Galathée. Quoique ce dernier arrivât long-tems avant l’autre, il ne put mouiller à Siriam que deux jours après la rédition de la ville : le Capitaine tomba dans un piége que lui tendit Alompra. Ce conquérant indigné contre les Français, s’empara du vaisseau, fit trancher la tête à tous les officiers, de même qu’à l’agent de la Nation, & retint prisonniers les Matelots & les Soldats.

Le Diligent forcé de relacher aux isles Nicobards, n’arriva que six semaines après la Galathée ; le Capitaine plus prudent, n’entra dans la rivière qu’avec précaution ; & lorsqu’il apprit le massacre des Français, il retourna à Pondichéry.

Alompra se servit utilement des munitions & des soldats pris sur la Galathée ; après avoir promis des récompenses à ces derniers, il bloqua le Roi de Pégû dans sa capitale. Celui-ci soutint le siége jusqu’au mois de Mai 1757, tems auquel il

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