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ET A LA CHINE. Liv. IV.

y faisant refleurir le commerce. Les Européens y furent attirés ; & les Anglais profitant de cette circonstance, y établirent plusieurs comptoirs, tels que ceux de la grande & de la petite Négrailles & celui de Bacim, sur la pointe occidentale de la côte du Pégû.

Dans ce même tems, les Zélandois chassés de Banquibazard, par Allaverdikan Nabab du Bengale, se réfugièrent au Pégû, & voulurent s’y établir par la force des armes ; mais trop foibles pour exécuter une pareille entreprise, ils y furent massacrés.

Les Français profitèrent mieux des bonnes dispositions du Prince : M. Dupleix, Gouverneur général dans l’Inde, lui envoya un Ambassadeur en 1751, avec des présens considérables ; les Français obtinrent du Roi du Pégû la permission de faire un établissement à Siriam[1], & ils s’y seroient maintenus sans la révolution suivante.

Après vingt ans de paix, un simple villageois leva l’étendard de la révolte : il étoit Barman d’origine, & s’appelloit Alompra. Suivi de quelques Laboureurs dont il étoit le chef, il voulut devenir le Libérateur de sa Nation, & l’affranchir du joug des Pégouins. Ces rebelles armés seulement d’un bâton, obtinrent d’abord quelques succès. Le Roi du Pégû méprisant un semblable ennemi, ne lui opposa que peu de résistance ; mais il éprouva dans la suite qu’il n’en est point qui ne soient dangereux. Le parti d’Alompra grossissoit de jour en jour. Il

  1. (a) Ville du Pégû où les Européens venoient faire leur commerce. Quoique cette ville n’existe plus, la rivière conserve encore le nom de rivière de Siriam, nom qu’elle a donné aux beaux grenats Siriams, appellés si improprement Syriens.