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ET A LA CHINE. Liv. IV.

signent de leur propre main ; politique avantageuse qui force l’amour-propre à devenir libéral.

Les Chinois sont bien faits, lestes & forts dans le badinage ; mais dans une dispute sérieuse, toutes leurs petites supercheries disparoissent, la crainte & la lâcheté l’emportent & les obligent à prendre la fuite. Dès leur bas âge, ils s’étudient à lever des poids de cent & cent cinquante livres, jusqu’à ce qu’ils puissent les élever au-dessus de leur tête, à bras tendu. Sept à huits sacs remplis de terre & pendus au plancher, sont encore des champions contre lesquels ils s’exercent à se battre. Ils se mettent dans le milieu des différens sacs, les agitent & tachent d’en éviter les coups ; ils ont une manière de roidir leurs muscles, qu’ils appellent se rendre dur ; & quand ils luttent, ils s’en servent avantageusement contre leur adversaire, parce qu’ils roidissent la partie menacée du coup, & celui qui le donne se fait plus mal qu’il n’en fait à celui qui le reçoit.

Mais tout cela ne les rend point courageux. Ils sont très-mauvais guerriers & seront toujours vaincus par les Nation qui voudront les attaquer. Aucune de leurs villes ne pourroit soutenir un siége de trois jours ; tous leurs forts sont à-peu-près ronds & sans élévation ; les murs n’ont point d’épaisseur, les embrâsures sont inégales, ne forment qu’un simple trou fait de manière qu’on ne peut diriger le canon que dans un seul point, & leur artillerie n’est propre qu’à des réjouissances : leurs fusils sont à méche, & quand ils s’en servent, ils détournent la tête après avoir ajusté le coup.

Lystching se mit à la tête d’une compagnie de brigands en 1640, détrôna l’Empereur, se fit proclamer à sa place, & fut