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ET A LA CHINE. Liv. IV.

de même qu’à la quantité de bourreaux qui les précèdent & portent des banderoles, des parasols, de grands fouets, traînent des chaînes & des bambous ; par cet appareil ils en imposent au peuple, qui tremble à la vue de ce redoutable & nombreux cortège. Les Mandarins qui voyagent en bateaux, ont des galéres ; ou plûtôt des maisons flottantes, qu’on appelle champans ; elles sont très-commodes, & divisées intérieurement en plusieurs chambres. Ils ont pour l’ordinaire des Musiciens, & une suite convenable à leur rang. On reconnoît leur grade aux banderoles & aux piques placées en trophée sur le tillac de la galère. . L’idée de la mort ne cesse de tourmenter les Chinois, & les poursuit jusque dans leurs plaisirs. Cependant elle leur paroît moins cruelle, s’ile peuvent acheter un cercueil & placer leur tombeau sur le penchant d’une colline, dans une situation agréable.

Ils dépenseny des sommes excessives pour les funérailles, qui se font quelquefois six ans après la mort, avec une magnificence dont rien n’approche. Ils louent des hommes qu’ils habillent de blanc, pour former le deuil & pleurer à la suite du convoi.        Pl. LXXXIII. Pendant plusieurs jours consécutifs on promène le défunt sur la rivière au son de quantité d’instrumens ; le bateau qui le porte, & ceux qui l’accompagnent, sont illuminés de manière que les feux diversement colorés, forment des dessins jusqu’au sommet des mâts. Si le tombeau se trouve éloigné de l’endroit ou le Chinois est mort, on l’y transporte en grande pompe ; on forme des pendals de distance en distance, pour reposer le corps : ses parens & ses amis lui portent des présens & des vivres, & quand il est dans son dernier asyle, on continue toujours à lui porter à manger.