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ET A LA CHINE. Liv. IV.

déroger ; un Chinois ne recevroit pas son meilleur ami sans avoir ses bottes.

Le salut ordinaire d’égal à égal, consiste à joindre les mains fermées devant la poitrine, ensuite on les remue à plusieurs reprises, en penchant un peu la tête, & prononçant sin, sin ; mais pour une personne à laquelle on doit du respect, on incline profondément le corps en joignant les mains, qu’on éleve & qu’on abaisse jusqu’à terre.

Les Chinois ont des femmes autant que leur fortune leur permet d’en avoir : des loix si contraires à la Nature ne peuvent qu’influer sur les mœurs, & nuire à la population ; ils sont extrêmement jaloux & renferment leurs femmes ; leur frère même n’a pas la liberté de les voir ; on ne trouve dans les rues que celles des malheureux à qui l’indigence ne permet point d’être polygames, & dont les pieds n’ont pas été resserrés ; car dans l’enfance on met aux filles des souliers de cuivre, pour empêcher les pieds de croître ; la circulation une fois interrompue, les jambes se desséchent & ne peuvent plus supporter le corps, aussi vont-elles toutes en cannetant comme les oyes ; cette coutume, qui dans le principe étoit l’ouvrage de la politique, est devenue l’effet de l’amour-propre ; on se mutile de la sorte pour annoncer qu’on vit dans la mollesse, & qu’on n’a pas besoin de travailler : c’est par la même raison que les Chinoises laissent croître leurs ongles & ne les coupent jamais.

Les maisons ne font pas richement meublées ; quelques fauteuils, des tabourets & des tables sur lesquelles on place des vases antiques, en forment les principaux ornemens. Mais le plus précieux de tous est la figure du Dieu qu’on éleve au-