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VOYAGE AUX INDES

l’apologiste de ce peuple, nous assure qu’ils n’y étoient tolérés qu’en faveur des almanachs qu’ils composoient, & qu’ils ne manquoient jamais de remplir de prédictions astrologiques adaptées au goût des Princes & de la Nation.

Lorsque les Jésuites & les autres Missionnaires disputèrent pour savoir sil le mot Tien signifîoit Ciel ou Dieu, les Chinois regardant ces Etrangers comme une race turbulente propre à faire des factions, & craignant qu’ils n’acquissent des partisans, les chassèrent & les envoyèrent à Macao, où ils dévoient être embarqués ; mais un heureux hazard les fit rappeller à Pékin. Peu ce tems après, leur exil, un Astronome lettré de la première classe annonça une éclipse ; ses calculs furent vérifiés par le tribunal des Mathématiques, qui crut les avoir trouvés justes ; mais l’éclipse étant arrivée un jour plus tard qu’il ne l’avoit annoncée, l’Empereur lui fît trancher la tête : ce Prince reconnoissant l’ignorance de son peuple, rappella les Missionnaires, & les renferma dans une enceinte, afin qu’ils ne puissent occasionner des troubles dans l’Empire. Si les Chinois étoient bons astronomes, s’ils possedoient l’Astronomie depuis si long-tems, s’ils l’avoient même corrigée, s’abaisseroient-ils jusqu’a demander des sujets à des Nations étrangères ? leur orgueil ne souffre-t-il pas d’en avoir besoin ? Comme depuis l’extinction des Jésuites il passe peu de Missionnaires lettrés à la Chine, l’Empereur envoya à Canton en 1778, pour demander des Artistes à toutes les Nations, & sur-tout des Astronomes, assurant qu’ils jouiroient à la cour de Pékin de toutes sortes de priviléges, & qu’ils y seroient traités comme des Mandarins.

Leur opinion sur les planettes, qu’ils élèvent autant que les étoiles, ne prouve-t-elle pas leur ignorance en fait d’Astrono-