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ET A LA CHINE. Liv. IV.

tâche d’en rapprocher les traits de ceux de l’original, & quand cette tête est finie, on la place sur le corps, par le moyen d’un morceau de bois qui les traverse & les unit, puis un ouvrier y colle plusieurs couches de papier fin, & remet l’ouvrage à un troisiéme, qui y passe alternativement des couches de blanc & de rouge.

La Géométrie ni l’Architecture n’y sont pas mieux cultivées ; on n’y trouve point d’Architecte. Les temples qui dans tous les autres pays inspirent le respect par leur magnificence, n’ont rien de majestueux à la Chine : ils sont cependant embellis au dehors, les colonnes qui en font le principal ornement, sont de bois & de la même grosseur dans toutes leurs parties : on les place fort près les unes des autres, ce qui fait que les Pagodes ressemblent plutôt à des halles qu’à des temples. On ne les connoît que par quelques figures colossales en carton qui décorent la porte, il y a toujours une cour dans le milieu qui renferme le foyer ou l’on brûle le sandal & les papiers dorés : dans le fond est un autel sur lequel est placée l’idole à gresse bedaine. On y brûle des cierges comme sur les nôtres, & pendant les offices, le Peuple reste prosterné.

Les Jésuites ont fait passer les Chinois pour de grands Astronomes ; mais comment pourroient-ils calculer une éclipse ? ils ne comptent que sur des boules enfilées, comme faisoient autrefois les Russes, & n’y peuvent faire entrer les fractions impaires. Ont-ils inventé quelques instrumens propres à l’observation des astres ? S’ils ont quelque goût pour l’Astronomie, c’est par une fuite de leur indolence & de leur superstition ; & les Jésuites étoient bien moins considérés comme des Astronomes que comme des Astrologues, puisfque le Père du Halde,