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nés, leur teint approche du noir lavé de jaune : ils tiennent beaucoup des Malais, dont il y a apparence qu'ils tirent leur origine ; ils en ont le langage, les mœurs, & comme eux, ils sont peu vigoureux, & cependant cruels & féroces ; peut-être la dureté de leurs mœurs est-elle une suite de la vie errante & solitaire qu'ils mènent dans les bois pour fuir l'esclavage des Hollandais. Les îles qu'ils habitent sont fertiles, mais ils ne les cultivent pas; ils ne vivent que de sagou, qui croît en grande quantité dans cet archipel, & sans culture.

La religion des Moluquois est une corruption du mahométisme.

Il n'y a que les femmes & les prêtres qui portent des vêtemens, les hommes ne se couvrent que la tête avec un chapeau peint de diverses couleurs, & fait de feuilles de latanier ; ils ont d'ailleurs tout le corps nud ; ils portent cependant un morceau de toile étroit par pudeur.

Les femmes sont couvertes d'une longue robe ou d'une espéce de sac sans plis, fermé pardevant ; elles portent des chapeaux d'une grandeur énorme, & qui ont sept à huit pieds de circonférence, ces chapeaux sont plats en-dessus & chargés d'ornemens en coquillages & en nacre de perles ; en-dessous un cercle haut de trois pouces, sert de forme, & les fait tenir fur la tête. Ces femmes ne sortent jamais, elles vivent renfermées dans leur maison. Les prêtres font vêtus de longues robes comme les femmes ; mais on les reconnoît à leurs bonnets, qui s'élèvent en pointe. Les deux fexes portent aux bras des anneaux d'un coquil« lage du genre des porcelaines, qu'ils taillent en le frottant fur une pierre.

                                                                  Leurs