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               ET A LA CHINE. Liv. IV.                              117


osent même affronter les habitans de Sambouangue, ils font leur descente hors de la portée du canon, & viennent les inquiéter jusque vers la palissade ; aussi ces malheureux n'osent-ils sortir de leurs demeures ; ils ne cultivent les campagnes qu'à l'abri du canon, dont on traîne quelques pièces dans les champs qu'on veut labourer.

La terre y eft fertile, & demande peu de culture, elle produit beaucoup de riz ; les bœufs y font en très-grande quantité & de peu de valeur: le Roi en avoit fait mettre quelques-uns dans une plaine immense qui touche à l’établissement, ils y ont tellement multiplié, qu'on en comptoit, lorsque j'y ai passé, jusqu'à six mille. On a construit dans le milieu de la plaine un fore de bois de huit pièces de canon, pour arrêter les Maures. Dans une autre plaine qui n'est séparée de celle-ci que par une chaîne de montagnes, les Espagnols ont jetté des chevaux & des bufles qui s'y sont aussi prodigieusement multipliés. Les deux plaines font bordées d'un bois clair-semé, rempli de cerfs & de cochons marrons : les rivières charient de même qu'à l'île de Luçon beaucoup d'or.

On trouve à Sambouangue un coco particulier : l'arbre qui le produit ne diffère aucunement de celui que nous connoissons

son fruit a la même forme , mais il eft un peu moins

gros, le brou n'eft point d'une comîftance coriace comme celui du coco ordinaire, c'eft une chair analogue à Farrichaud, elle en a le goût, ôc peut-être lui avons-nous trouvé plus de dèli- cateffe, parce que nous ne pouvions les comparer. Lorfqu'on laiiïe vieillir ce fruit fur Farbre, il change alors de nature, & devient filamenteux; dans cet état son goût est acre, & le coco n'est plus bon à manger. J'en ai porté six à l'île de France qui n'ont pas réussi.

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