Image manquante
Antigue est par la latitude de dix degrés quarante-deux minutes;
le mouillage est par dix brasses, à une bonne distance de
terre : les vaisseaux ne peuvent y mouiller en Novembre,
Décembre & Janvier, sans courir de grands risques ; il règne
alors des vents de Sud-Ouest & d'Ouest qui battent en côte &
rendent la mer très-grosse. On se pourvoit d’eau pour les bâtimens,
à un petit ruisseau situé au Nord ; il y a une rivière plus
considérable qui sert de fossé au fort, & dans laquelle les bateaux
entrent très-avant ; mais l’eau en est saumâtre, même pendant
les plus basses marées. Les habitans de cette île plus industrieux
que ceux de l'île de Luçon, fabriquent avec le coton & les fibres
d’une plante que fournit leur pays, des mouchoirs & des toiles ;
les plus grosses leur servent de vêtement ; ils trafiquent des
autres avec les habitans des îles voisines.
Antigue ressemble d’ailleurs à toutes les Philippines; la Nature féconde y prodigue ses dons ; l'habitant ne cherche pas à en profiter, parceque le Gouvernement ne fait aucun effort pour le mettre à l’abri du ravage & de la cupidité des Maures qui viennent sans cesse le harceler & enlever les bateaux pêcheurs jusque dans la rade : celle-ci n'est protégée que par un fort de bois, & gardée par une vingtaine de Chrétiens du pays.
Cette île fournit beaucoup de gibiers, mais peu de fruits : les cocos & les bananes de très-mauvaise qualité, sont les seuls que les habitans aient cherché à se procurer.
Il y a un grand nombre de cerfs, de sangliers & de cochons marrons; les bufles, les bœufs & les chevaux y sont si communs, qu'on n'en prend aucun soin, soit pour les garder, soit pour aider à leur multiplication : les chevaux errent où ils veulent, ils appartiennent à tout le monde, sans avoir de maître particulier : quand
P2