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               ET A LA CHINE. Liv. IV.                              105


degré, jusqu'au dix-neuvième ou vingtième de latitude, elles comprennent quantit d'îles dont, la plupart font très-peu connues; les principales & celles sur lesquelles les Espagnols ont des établissemens, sont Luçon, Mindoro, Panay & Mindanao.

L'île de Luçon est au nord de toutes ; les Espagnols y ont construit Manille, la capitale de leurs établiffemens dans cet Archipel : sa position avantageuse pour le commerce de la Chine & celui de plusieurs parties de l'Inde, devroit rendre cette ville la plus riche de la terre, mais quel est l'Espagnol qui voudroit s'occuper de ces richesses passagères , lorsqu'il faut les acheter par les travaux du commerce, & aux dépens des préjugés de sa nation ?

Manille est par quatorze degrés & demi de latitude boréale, le climat est à-peu-près le même que celui de Pondichéry & de Madras : c'est une assez grande ville, bien bâtie ; les maisons y sont belles, & les rues tirées au-cordeau, il y a de superbes églises : elle est fortifiée & située sur le bord d'une rivière considérable qui lave ses murs, & dont les bras divisés traversent en tous sens l'île de Luçon. Le terrain qui l'environne est fertile & propre toute forte de culture, mais il reste inculte entre les mains des Espagnols : ils n'ont profité ni de la position de la ville, ni de la fécondité des terres qui l'environnent ; on la laisse sépuiser sans culture & porter d'elle-même des moissons dont on ne fait pas la récolte. La loi même qui devroit prêter ton appui au cultivateur, s'oppose à Manille aux progrès de la culture, & à la prospérité que la Nature voudroit procurer aux hommes ; l'exportation y est défendue : les trésors de la terre excédent les besoins du petit nombre d'habitans qui vivent dans cette île, & on les laisse périr sur

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