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Volsius : Vous dites, monsieur ?

Barbicane : Le Docteur Ox et son jeune compagnon Georges Hatteras.

Georges : Qui a résolu, monsieur, de prendre possession d’un monde qui vous a échappé !

Volsius : Comment donc, jeune homme ! Mais ne vous gênez pas ? La Lune appartient au premier occupant ! Et puis après ? Qu’est-ce que vous en ferez de la Lune ?

Georges : Nous en ferons…

Maston : Cadeau aux Etats-Unis !… Ce sera un État de plus pour l’Union !

Tous : Oui ! oui !

Volsius : La Lune ?.. mais c’est un astre usé, fini, démodé, et même quelque peu ridicule !… Elle a fait son temps cette vieille Astarté, la sœur momifiée du radieux Apollon !… On rira de votre voyage et vous entendrez, au retour vos semblables qui vous crieront : « T’as donc vu la Lune, mon gars ? »

Ox : Est-ce bien le célèbre Ardan qui parle ainsi ?

Volsius : Et d’ailleurs un jour, tout le monde ira dans la Lune, et même plus loin encore… Des trains aériens sillonneront les airs… Au lieu de wagons courant sur des rails, on attachera des projectiles les uns aux autres, et on les lancera dans l’espace !… Trains pour toutes les planètes !… Express pour Mercure, Jupiter, Uranus et Neptune. Mais la Lune ! Peuh ! la Lune !… Elle ne sera bientôt que la banlieue de la Terre, et on ira y passer son dimanche, comme les parisiens vont à Chatou ou bien au Vésinet !

Maston : Bien dit, ami Ardan !

Volsius : Croyez-moi donc, Georges Hatteras, abandonnez ce projet et retournez tranquillement chez vous.

Georges : Que je renonce à quitter cette Terre.