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plusieurs bâtiments, attaqués par lui, ont eu beaucoup de peine à lui échapper ! Il est même possible qu’on lui doive la disparition de certains navires dont on n’a plus aucunes nouvelles.

L’officier : Ah ! je ne nie pas les catastrophes dues à la présence d’un être puissant, qui depuis quelques années se montre à la surface des mers ; un jour dans l’Atlantique, un autre dans la mer des Indes, car il paraît être doué d’une prodigieuse faculté de locomotion.

Anderson : C’est un véritable danger pour la navigation… mais j’aperçois… là-bas des passagers avec lesquels je suis en pourparlers… Vous permettez ?

L’officier : Faites donc ! Faites donc, Capitaine.

(Anderson s’éloigne.)


Scène II

Valdemar, seul, sortant de l’auberge :

Bon voyage, messieurs ! Ah ! c’est le fond de la mer qu’ils ont l’intention d’aller visiter maintenant ! Eh bien, je ne les suivrai pas… je suis allé avec eux jusqu’au centre de la terre… c’est bien !… j’en suis revenu… c’est mieux !… j’en ai assez… sans compter que je n’ai rien trouvé ni dans le feu, ni dans le sol… je n’en ai rapporté que… (tirant un caillou de sa poche) cette pierre que j’ai reçue dans le dos, et qui me charge inutilement la poche… Je ne le porterai pas plus loin. (Il le jette à terre et en frappe sans le vouloir le pied du joaillier qui sort de la boutique.)


Scène III

Valdemar, le Joaillier.

Le Joaillier : Aïe… Qu’est-ce que c’est que ça ?

Valdemar : Pardon, monsieur, c’est une pierre que j’ai laissé tomber…

Le Joaillier (vexé) : Ah ! Monsieur, une pierre… une pierre.

Valdemar : Oui, tenez… c’est même une pierre assez curieuse que j’ai rapportée du centre de la terre.

(Il la lui montre.)

Le Joaillier : Du centre de la terre ! que dites-vous là ? (regardant la pierre, à part) Eh ! mais !… je ne me trompe pas… ce caillou… est-il possible ?… c’est un… oui, c’est une pierre précieuse…

Valdemar : Précieuse ! Si vous trouvez que celle-ci ait du prix, qu’est-ce que vous en donneriez bien ?

Le Joaillier : J’en donnerais… j’en donnerais… 200 sequins ! Cela vous convient-il ?

Valdemar (étonné et riant) : 200 sequins de ça… Ah ! ah ! ah !

Le Joaillier : Acceptez-vous ?

Valdemar (riant) : Vous vous moquez de moi… Allons donc ! Cette pierre 200 sequins ?

Le Joaillier (à part) : Il sait ce qu’elle vaut… (Haut) Eh ! bien, oui mon offre est…

Valdemar : Est une plaisanterie…

Le Joaillier : Une simple plaisanterie, c’est vrai.

Valdemar : Je le disais bien…

Le Joaillier : Et pour parler sérieusement je vous offre dix mille sequins…

Valdemar (se fâchant) : Dix mille… Ah ! mais, vous vous moquez encore plus de moi, monsieur… et je ne souffrirai pas…

Le Joaillier : Pardon… pardon Seigneur. Ne vous emportez pas… je vois que vous savez parfaitement ce que vaut votre diamant brut… et je suis prêt à vous en donner…

Valdemar (reprend le diamant) : Hein !… Quoi ? Vous dites mon…

Le Joaillier : Votre diamant brut…

Valdemar (très ému) : Mon diamant… mon brut… mon diamant ? C’est un diamant !… et brut encore ! Voyons, voyons entendons-nous… Vous affirmez que c’est bien réellement un diamant ?

Le Joaillier : Vous ne le saviez pas ?

Valdemar : Moi, mais jamais de la vie !

Le Joaillier (avec force) : Il ne le savait pas !…

Valdemar : C’est vous qui venez de me l’apprendre ! (lui serrant la main) Merci, honnête joaillier, merci… c’est à la pierre… un diamant ! un diamant que vous achèterez moyennant ?…

Le Joaillier : Moyennant cinq cent mille sequins, là… sommes-nous d’accord ?

Valdemar : C’est un diamant ! et quelle grosseur ! un diamant dont on offre cinq cent mille sequins, et qui en vaut par conséquent un million pour le moins (dansant) Tra deri dera… deri… deri, dera…

Le Joaillier : Est-ce que vous renoncez à le vendre ?

Valdemar : Pas du tout !… je le vendrai ! je le vendrai en Europe… en France.

Le Joaillier : En France !

Valdemar : Et ma fortune sera faite… Et quelle fortune ! Ah ! chère Babichok !… ma fidèle fiancée qui m’attend là-bas, avec le cousin Finderup… comme je vais t’épouser… avec le cousin… t’épouser tout de suite, par le télégraphe !… et comme tu vas être heureuse ! tu n’auras plus la crainte de me voir pauvre !… Et le cousin Finde-