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plus vive surprise. Ils se penchent sur elle. Le chef s’est agenouillé, il lui soulève la tête, il déroule ses cheveux, touche son visage et ses mains, puis il écoute si elle respire encore, et regardant autour de lui et faisant signe à ses compagnons de s’écarter, il la soulève et va l’emporter. Éva revient à elle, alors, apercevant les monstres qui l’entourent, elle pousse un cri d’épouvante.)

Éva : Ah !

(Éva est parvenue à se dégager et va s’enfuir, mais le chef l’a reprise.)

Éva (se débattant) : Au secours !

(Le chef l’a enlevée dans ses bras et se précipite vers le fond de la scène.)


Scène IV

Les mêmes, Georges.
(Georges arrive en courant par la gauche.)

Georges : Ces cris !… (apercevant Éva aux mains des sauvages) Ah ! Éva !

Éva : Au secours ! Au secours !

Georges : Je te sauverai, Éva ! Je te sauverai, ou je mourrai avec toi ! (Il se jette sur le chef mais il est saisi par ses compagnons et terrassé.)


Scène V

Les mêmes, Ox arrivant par la droite
suivi de Valdemar, Volsius et Tartelet.
(Entrant par la gauche)

Tartelet : Ah ! mon Dieu !

Valdemar : Ces horribles monstres.

Ox (froidement) : Ils sont perdus !

(Les sauvages se tournent vers eux, puis pressent à la gorge Georges et Éva.)

Éva et Georges : Ah !

Georges : Sauvez-la… elle… sauvez Éva.

Tartelet : Courons !

Volsius : Silence ! (Il saisit le violon que porte Tartelet.)

Ox : Mais elle, Éva.

Volsius : Que personne ne bouge !

(Il fait vibrer le violon dont les sons ont une intensité étrange. Les sauvages s’arrêtent, ils écoutent et semblent fascinés. Volsius joue toujours. Le chef a laissé retomber Éva. Il approche lentement et l’oreille tendue vers Volsius. Il écoute de plus près. Il approche sa tête de l’instrument, ses compagnons approchent aussi en rampant et comme enchaînés à son archet. Volsius s’éloigne de nouveau et les sauvages finissent par disparaître, entraînés par lui, pendant que le chant du violon se fait encore entendre au loin.)


Scène VI

Les mêmes moins Maître Volsius.

Georges (courant vers Éva qu’il prend dans ses bras) : Ah ! Éva… Chère Éva !

Éva : Quittons ces lieux maudits !… Emmène-moi… Emmène-moi ! je t’en conjure !…

Valdemar : Ah ! oui allons-nous en !

Tartelet : Ah ! ce maître Lidenbrok, quel homme ! jamais je n’aurais joué comme cela !

Valdemar : Mon ami, mon bon ami, croyez-moi, allons-nous en !

Georges : Oui, oui, ils ont raison, retournons sur nos pas… Éva, je veux t’emmener loin d’ici… Je ne veux plus t’exposer à de semblables périls… Partons !

Ox : Partir… Quand d’un instant à l’autre, l’obstacle qui nous sépare du but va peut-être s’écrouler !

Georges : Que dites-vous ?

Éva : N’écoute pas cet homme, Georges, ne l’écoute pas. (Grondements.)

Ox : Tenez… Écoutez, voyez ! C’est le sol qui s’entrouvre enfin !… Regardez !… regarde Georges Hatteras !… C’est le premier échelon de ta renommée, de ta gloire !… c’est la première à travers l’impossible.