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voir ce papier à ses compagnons assemblés. Ceux-ci lui dirent de jeter le papier au feu et que, s’il brûlait, c’était la preuve de la vérité de leurs doctrines, et que si, au contraire, il ne brûlait pas, cela prouverait la vérité de la foi romaine. Trois fois de suite le papier fut jeté au feu ; trois fois de suite il en rejaillit sans éprouver le moindre dommage. Mais les hérétiques, persévérant dans leur erreur, se jurèrent de ne parler à personne de ce miracle. Seul un soldat qui se trouvait là, et qui adhérait un peu à la foi catholique, raconta plus tard le miracle dont il avait été témoin. Ce miracle arriva auprès du Mont de la Victoire.

À la mort de l’évêque d’Osma, Dominique se trouva presque seul à lutter contre les hérétiques. Ceux-ci, l’accablant de railleries, lui lançaient de la boue, des crachats et autres ordures, ou bien encore, par dérision, lui attachaient de la paille dans le dos. Ils le menaçaient également de mort, mais lui, sans rien craindre, répondait : « Je ne suis pas digne de la gloire du martyre, et n’ai pas encore mérité le bienfait de la mort ! » Une autre fois, s’étant rendu en un lieu où on lui tendait des pièges, il s’avançait en chantant et le sourire aux lèvres. Étonnés, les hérétiques lui dirent : « L’idée de la mort ne te trouble-t-elle pas ? Et qu’aurais-tu fait, si nous avions mis la main sur toi ? » Et lui : « Je vous aurais priés de ne pas me faire mourir tout de suite, mais peu à peu, en me mutilant membre par membre. »

Il apprit un jour qu’un homme, contraint par la misère, s’était affilié aux hérétiques. Aussitôt le saint résolut de se vendre lui-même, de façon que l’hérétique pût, grâce à l’argent qui résulterait de cette vente, se délivrer de son erreur et se convertir à la vraie religion. Et il se serait en effet vendu, si Dieu n’avait pourvu d’une autre façon aux besoins de l’homme qu’il voulait sauver. Une autre fois, comme une femme se lamentait devant lui de ne pouvoir délivrer son frère, retenu en captivité par les Sarrasins, Dominique, touché de pitié, offrit de se vendre lui-même pour racheter le captif. Mais Dieu, fort heureusement, ne lui permit point de le faire, ayant