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père recouvrerait la santé. Et Seth, de retour chez lui trouva son père déjà mort ; il planta le rameau sur la tombe d’Adam, et le rameau devint un grand arbre qui vivait encore au temps de Salomon.

Ce prince, frappé de la beauté de l’arbre, le fit couper afin qu’il servît à la construction du temple ; mais là, on ne put trouver aucun endroit où le placer : car tantôt il paraissait trop long et tantôt trop court ; et, quand les ouvriers essayaient de le couper à la longueur voulue, ils s’apercevaient ensuite qu’ils l’avaient trop coupé : de telle sorte que, impatientés, ils le jetèrent en travers d’un lac, pour servir de pont. Or la reine de Saba, venant à Jérusalem pour consulter la sagesse de Salomon, et ayant a traverser le susdit lac, vit en esprit que le Sauveur du monde serait un jour attaché au bois de cet arbre. Elle refusa donc de mettre le pied sur lui, et, au contraire, s’agenouilla pour l’adorer. Une autre histoire veut que la reine de Saba ait vu le bois miraculeux dans le temple même, et que de retour dans son pays, elle ait écrit à Salomon qu’à ce bois serait un jour attaché l’homme dont la mort mettrait fin au royaume des Juifs ; sur quoi Salomon aurait fait enlever l’arbre et aurait ordonné de l’enfouir profondément sous terre. Et, à l’endroit où l’arbre était enfoui, se forma plus tard la piscine probatique : si bien que ce n’était pas seulement la descente d’un ange, mais aussi la vertu du bois caché sous terre, qui produisait, dans cette piscine, la commotion de l’eau et guérissait les malades.

Enfin l’on raconte que, aux approches de la passion du Christ, le bois sortit de terre, et que les Juifs, le voyant surnager à la surface de l’eau, le prirent pour en faire la croix du Seigneur. Mais la tradition affirme, d’autre part, que la croix du Christ fut faite de quatre bois différents, à savoir de palmier, de cyprès, d’olivier et de cèdre, chacune de ces espèces servant à l’une des quatre parties de la croix, c’est-à-dire la poutre verticale, l’horizontale, la tablette placée au sommet, et le tronc soutenant la croix, ou encore, selon Grégoire de Tours, la tablette placée sous les pieds du