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XVIII
INTRODUCTION

deux arts et les anéantir, c’est encore la Légende Dorée qu’on imprime le plus. Les catalogues mentionnent près de cent éditions latines différentes, publiées entre les années 1470 et 1500 : sans compter d’innombrables traductions françaises, anglaises, hollandaises, polonaises, allemandes, espagnoles, tchèques, etc. Du treizième siècle jusqu’au seizième, la Légende Dorée reste, par excellence, le livre du peuple.

Et je dois ajouter qu’il n’y a peut-être pas de livre, non plus, qui ait exercé sur le peuple une action plus profonde, ni plus bienfaisante. Car le « petit » livre du bienheureux Jacques de Voragine, – si l’on me permet de lui garder une épithète que tous les auteurs anciens s’accordent à lui attribuer, – a été, pendant ces trois siècles, une source inépuisable d’idéal pour la chrétienté. En rendant la religion plus ingénue, plus populaire, et plus pittoresque, il l’a presque revêtue d’un pouvoir nouveau : ou du moins il a permis aux âmes d’y prendre un nouvel intérêt, et, pour ainsi dire, de s’y réchauffer plus profondément. Tout de suite les nefs des églises se sont peuplées d’autels en l’honneur des saints et des saintes du calendrier. Tout de suite les tailleurs de pierres se sont mis à sculpter, aux porches des cathédrales, les touchants récits de la Légende Dorée, les peintres, les verriers, à les représenter sur les murs ou sur les fenêtres. Entrez dans une vieille église de Bruges, de Cologne, de Tours où de Sienne : toutes les œuvres d’art qui vous y accueilleront ne sont que des illustrations immédiates, littérales, de la Légende Dorée. C’est d’après