Page:Volterra - Henri Poincaré l'oeuvre scientifique, l'oeuvre philosophique, 1914.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

orbites n’iront pas soit se perdre à l’infini, soit se précipiter sur le soleil.

Il n’en est aucune qui préoccupe davantage la Mécanique céleste, et il faut convenir que l’ignorance où nous sommes encore à cet égard est la meilleure preuve de l’étendue des progrès que cette science a encore pu faire.

Il est vrai que le problème ainsi posé est tout théorique. Comme Poincaré l’a victorieusement démontré[1], si l’on peut pendant un certain temps, réduire, sans trop d’erreur, les planètes et leurs satellites à autant de points mathématiques, l’influence des éléments ainsi négligés (les marées, entre autres, en raison du frottement qu’elles produisent), insignifiante au début, ne peut manquer de devenir prépondérante en fin de compte et de bouleverser totalement les conclusions.

Dans ces conditions, les gens pratiques peuvent être tentés de mépriser ce problème théorique. Il leur est permis, évidemment, de penser qu’il doit, suivant un mot connu, constituer « l’essai, non l’emploi de notre force ». Mais, même à ce titre, il mérite encore de provoquer, — tout en les défiant jusqu’ici — tous les efforts des astronomes. Il doit être consi-

  1. Annuaire du Bureau des Longitudes, 1898